
(28 ko)Les agnathes, les poissons sans mâchoires, sont apparus au Cambrien inférieur et ont dominé les mers jusqu’au Silurien. Du grec
a, sans, et
gnathos, mâchoire, leur nom dit tout sur leur caractère primitif. Sans mâchoire mobile articulée, leur bouche était constituée d’une ouverture dotée de quelques muscles. Le terme agnathe rassemble plusieurs groupes qui n’ont pas nécessairement une parenté évolutive commune. Il s’agit d’un regroupement pratique pour mettre tous ces animaux en opposition au groupe plus lié des gnathostomes, les animaux à mâchoires.
En tout, neuf principaux groupes de poissons agnathes ont existé. Ce sont les myxinoïdes et pétromyzontides, encore représentés aujourd’hui par les myxines et les lamproies, et les arandaspides, hétérostracés, galéaspides pituriaspides, anaspides, thélodontes et ostéostracés, tous des groupes maintenant éteints.
Certains rangent également les énigmatiques euconodontes parmi les agnathes. Les minuscules denticules de ces animaux sont trouvés par milliers dans les sédiments du Cambrien moyen au Triassique supérieur. Mais, malgré l’abondance de ces animaux au corps mou dans les milieux marins, ils n’ont laissé que de très rares traces de leur anatomie. C’est à partir de spécimens du Carbonifère d’Écosse et de l’Ordovicien d’Afrique du Sud qu’a émergé l’image d’un animal filiforme aux muscles en chevron, doté d’un assemblage de denticules dans la région de la tête. La structure histologique de ces ’’dents’’ minuscules rappelle celle des os des vertébrés.
Les quatre genres d’agnathes trouvés à Miguasha se répartissent en deux grands groupes, les anaspides et les ostéostracés. Ces groupes n’ont pas survécu à l’extinction de la fin du Dévonien et l’ancien estuaire de Miguasha semble avoir été leur dernier refuge. Créatures fragiles s’il en est, les agnathes sont relativement rares dans les sédiments de la Formation d’Escuminac et la découverte de nouveaux spécimens nous en apprend toujours un peu plus sur l’anatomie des dernières espèces de ces groupes.