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Miguasha : De l'eau à la terre (Le parc national de Miguasha)

Euphanerops

C’est en 1900 que A. Smith Woodward du British Museum of Natural History de Londres a décrit le premier anaspide de Miguasha à partir d’un spécimen trouvé quelques années auparavant.Euphanerops longaevusIcône de loupe(24 ko) Baptisé Euphanerops longaevus, l’animal intriguait par ses caractéristiques singulières.

Sans nageoires paires et avec une tête plus ou moins bien conservée, il était bien difficile d’en distinguer le haut du bas. C’est pourquoi les premières illustrations de Woodward montrent Euphanerops à l’envers, avec une queue épicerque, plutôt qu’hypocerque, et une nageoire dorsale, plutôt qu’anale. Le chercheur appliquait ainsi une croyance de son temps voulant que l’ancêtre hypothétique des gnathostomes ait une queue épicerque.

Plus d’un siècle plus tard, l’espèce est mieux décrite et ramenée à l’endroit. On sait par exemple que sa queue ressemblait étrangement à celle des anaspides du Silurien et que son appareil branchial était exceptionnellement long, comptant une trentaine de paires de branchies de la tête à l’anus. Cette étonnante découverte signifie que la cavité branchiale s’étirait sur une bonne partie de la longueur du corps, forçant un réarrangement important des viscères. Cette spécialisation extrême n’a encore été observée chez aucun autre groupe de vertébrés et elle est probablement une adaptation à la vie dans des eaux très pauvres en oxygène, comme celles de l’estuaire de Miguasha.

Euphanerops longaevusIcône de loupe(64 ko)À partir de 1991 et pendant quelques années, on a cru avoir affaire à une nouvelle espèce d’anaspide à Miguasha. Nommé Legendrelepis parenti, le poisson se démarquait d’Euphanerops longaevus par une nageoire anale un peu mieux détachée de la nageoire caudale et la présence incertaine d’une toute petite nageoire dorsale, détails qui se sont révélés des artéfacts de conservation. L’on considère maintenant que les deux espèces ne font qu’une.

Reconstitution d’EuphaneropsIcône de loupe(24 ko)Euphanerops, comme bien des agnathes, avait un squelette interne cartilagineux. Tout récemment, l’examen au microscope de plusieurs éléments de ce squelette a permis de voir qu’il commençait à se calcifier chez des spécimens matures. Sous le microscope, ce cartilage en voie d’ossification se révèle d’un type très particulier, comparable au cartilage des lamproies d’aujourd’hui que l’on arrive à calcifier partiellement de façon artificielle en laboratoire. S’agirait-il d’une tentative évolutive de calcification de l’endosquelette parallèle à celle qui a eu lieu dans le groupe des gnathostomes?

L’étude de plusieurs nouveaux spécimens du curieux ’’anaspide’’ Euphanerops révèle des détails anatomiques tout à fait uniques, certains le rapprochant des lamproies, d’autres, des premiers vertébrés de la planète du Cambrien inférieur. Un animal qui n’a pas fini de nous surprendre!

Euphanerops longaevus

Titre : Euphanerops longaevus
Auteur : Illustration de François Miville-Deschênes
Sources : Parc national de Miguasha
Année : 1999

Description :
Reconstitution de Euphanerops longaevus, un animal souvent rangé avec les anaspides.

Euphanerops longaevus

Titre : Euphanerops longaevus
Auteur : Parc national de Miguasha
Sources : Parc national de Miguasha
Année : 2003

Description :
Spécimen d’Euphanerops montrant l’impression du long panier branchial du côté ventral de l’animal, et sa longue nageoire caudale dont l’axe pointe vers le bas.

Reconstitution d’Euphanerops

Titre : Reconstitution d’Euphanerops
Auteur : Illustration de Philippe Janvier
Sources : Parc national de Miguasha
Année : 2003

Description :
Vue latérale d’Euphanerops longaevus, un poisson à l’anatomie bien particulière.